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19 décembre 2006

Naître d'Edward Bond Mise en scène d' Alain Françon

Comment dire.... il y a des longueurs, trop de longueurs, la pièce ne m'a plue que par bribes, je m'y suis parfois ennuyée, sauf qu'elle m'a fait réfléchir longuement à deux choses importantes au théâtre: l'utilisation des objets et le mal être des spectateurs, ensuite à une 3ème choses, plus liée à la vie qu'au théâtre: le deuil.

Pour commencer, Naître a déjà été jouer cet été à Avignon, les critiques ont été assassines, trop de violence montrée ( le bébé tué contre le mur de boucliers des hommes en uniforme), des spectateurs sortaient épouvantés ect... Je le savais avant d'aller au théâtre de la Colline, cela ne me gênait aucunement, au contraire, j'aime la polémique et me faire mon propre avis.... Mais encore une fois je précise, avant de parler de cette "violence" que la mise en scène ne m'a pas toujours convaincue même si la pièce de Bond, est pour moi, remarquable.

Première scène: la tension ne vient pas d'une violence physique ou psychique faite par un personnage sur un autre. La tension vient de l'utilisation détournée des objets sur le plateau. Un couple et leur nourrisson viennent d'emménager dans un appartement presque vide, une table, deux chaises et des cartons. Pour déplacer la table, et ne sachant que faire du bébé en attendant, les parents le posent sur cette table avant de la soulever et de l'installer devant une fenêtre ouverte ! On ne pose pas un bébé sur une table, il pourrait glisser. De plus les parents viennent de souper à cette table, c'est l'objet sur lequel on pose la nourriture, l'enfant prend donc la place de ce que l'on dévore. A cela vient se rajouter l'emplacement choisit pour la table, devant la fenêtre ouverte. Les parents laissent le bébé et vont dans la pièce d'à côté. Quelqu'un pourrait prendre le bébé par la fenètre. Après avoir été la nourriture, l'enfant devient offrande.... L'utilisation détournée des objets nous suffit à imaginer le pire et à s'engoisser.

Par la suite.... Peut on montrer des hommes en uniforme, armés jusqu'au dents et fracassants un bébé devant sa mère pour la faire parler ? Qu'est ce qui écoeure tellement les gens pour les faire sortir ? Qu'est ce qu'il y a de si mauvais pour ne pas vouloir applaudir à la fin de la pièce ? Voilà à quoi cela m'a fait penser, parlons des sensations: nous acceptons d'avoir une réaction physique forte en éclatant de rire devant une pièce de boulevard, nous acceptons de suer ou de ressentir de l'adrénaline devant un film d'horreur, nous acceptons d'être submergé par l'émotion ou l'hystérie au concert de notre "idole", nous acceptons d'être profondement excité devant un film pornographique ect.... Pourquoi n'accepte t-on pas de se sentir mal ou brutalisé devant une pièce de Bond ? Le théâtre est bien un lieu de communication, libre à chacun de s'exprimer ou de ressentir, mais pourquoi faire un rejet lorsqu'il s'agit de "mal être physique", d'une "gène dans le ventre" ? Le comédien se donne, le metteur en scène aussi. Pourquoi le spectateur choisirait à quel moment ou sous quel prétexte il accepte lui aussi de donner un peu de sa personne ? Il y a communion au théâtre même, si à la fin, nous ne sommes pas d'accord, mais avant il y a discours, émotions, sensations, et à partir du moment où le spectateur se déplace, il doit participer ! Alors il me semble que "le mal être" face à une pièce de Bond ou une mise en scène ultra réaliste est tout simplement une remise en question et une culpabilité. Oui le spectateur ne veut pas se sentir coupable, il veut passer un moment plutôt tranquille et ressortir tout frais tout propre, sans pincements dans le corps. Alors je dis "merde", faire du théâtre sans engagement, sans reflexion et sans salissure, ça sert à quoi ?!!! Et puis, encore une fois, nous sommes au théâtre, être spectateur et se faire un peu bousculer ne va pas nous tuer, mais nous faire avancer, peut être pour éviter d'être tuer ou de tuer, qui sait.....

Enfin pour finir le tableau des morts éparpillés sur la scène: c'était plus réaliste que le rapport aux morts que nous avons dans la vraie vie, dans les hopitaux, dans les médias..... On nous cache beaucoup trop les morts non ? Ce n'est pas pour être morbide mais juste dans la vraie vie. La mère, qui est une sorte de rescapée, nourrit, parle, couvre les morts, en somme elle continu de les faire vivre. Un mort n'est réellement mort que lorsque tous ces proches sont morts également, qu'il ne reste plus personne pour le faire vivre. Vivants, nous sommes toujours prisonniers de notre corps. Morts, nous sommes partout où nos proches veulent que nous soyons. Alors ce que l'on appelle le deuil, c'est peut être le moment où pour ne plus souffrir, nous nous refusons de penser aux disparus. En arrêtant de penser à eux, nous les tuons nous même et faisons notre deuil.

Alors merci "Naître"......                         Clara.

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