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LOLIPOPART
16 avril 2009

Jerk de Gisèle Vienne

Dans les années 70, Dean, Wayne et David ont torturé, filmé, assassiné, 27 garçons. Dean et Wayne sont morts. Ne jerk_jonathanreste plus que David qui purge sa peine à perpétuité. En prison, il devient marionnettiste et crée un spectacle où il raconte les meurtres. Il y incarne tour à tour, Dean, Wayne, leurs victimes et lui même.
Sur le plateau c'est dans Jonathan Capdevielle (remarquable) que vit David. Je dis "dans" car il n'y a aucune distance entre le garçon de ce fait divers, et le comédien de ce solo.
En effet les trois précédentes collaborations de Gisèle Vienne et Dennis Cooper ( Une belle enfant blonde, I apologize, Kindertotenlieder, déjà dans ce blog) s'appuyaient sur l'entremêlement de la réalité et du fantasme. Il n'y avait jamais aucune réponse sur ce qui était réel ou ne l'était pas. Le spectateur était constamment renvoyé à ses rêves (ou fantasmes) et à son imaginaire.
Ici l'authenticité est telle, qu'il est parfois difficilement supportable de regarder Jonathan/David. Comme si cette représentation (la représentation induit obligatoirement une interprétation et donc du recul sur ce que l'on voit) n'était en fait qu'un simple témoignage clinique des actes perpétués. Comme si il n'y avait aucun tabou à ne pas avoir de distanciation avec ces actes horribles de manière à devenir soi même schizophrène afin de mieux comprendre la folie de David, Dean et Wayne. Nous ne sommes plus devant un comédien sur le plateau du théâtre de la Bastille, mais devant David Brooks lors d'une de ses conférences.
Le morbide est toujours utilisé comme un esthétisme exarcerbé, ce qui est fascinant. Nous sommes l'oeil du tueur qui prend plaisir à mélanger le meurtre et le sexe: " Sur l'écran Dean embrasse pasionnément ce qui reste du garçon. Il est aussi en train de baiser son cul, qui est beaucoup plus accessible maintenant qu'il n'a plus de jambes."
L'utilisation des marionnettes est une reconstitution parfaite des faits, qui va bien au delà de la réalité. Jonathan Capdevielle est un redoutable ventriloque. Tout au long de son récit, il se met à nu . Il est David.
C'est extraordinaire ce que Gisèle Vienne a réussi à faire. Elle est très certainement la plus grande et la plus singulière des artistes de notre époque.                                                                                                    Clara.

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