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17 janvier 2009

Gertrude, le cri

D' Howard Barker au théâtre de l'Odéon mise en scène de Giorgio Barberio Corsetti. Je voudrais pour commencer img19127prévenir de la beauté du texte de Barker qui offre une ouverture magnifique et vaste sur la compréhension des personnages de Shakespeare. Pour les inconditionnels d'Hamlet de William, cette pièce est un cadeau et un outil précieux. Alors si elle est en plus servie par une mise en scène remarquable et des comédiens brillants, on reste suspendu aux lèvres de ces merveilleux porteurs d'un texte contemporain poétique qui lâche notre imagination dans un Elseneur aux angles verticales et horizontales, aux rares fenêtres de lumière, aux couleurs sobres mais tranchées du blancs du noir du rouge. Puissante et sublime est cette première scène où le meurtre fusionne avec la nudité, l'acte sexuel au pied de l'arbre. Cette bestialité est juste, c'est le désir qui est le moteur du crime. Oui Gertrude et Claudius se sont aimés bien avant la mort du Roi Hamlet. Oui ils s'aiment d'un amour passionnel et transgressif puisque oui c'est ce qui les conduis au meurtre d'un mari et d'un frère. Le pouvoir n'est jouissif pour Claudius seulement si il est partagé avec Gertrude. De cet acte d'amour jaillira le premier cri, la naissance du monde et la jouissance de Gertrude (Anne Alvaro), qui sera le début d'une quête pour Claudius (Luc Antoine Diquero) qui le consumera. L'absence du cri le rongera, il sera anéanti par son propre désir: "toute extase fait que l'extase se précipite en un autre lieu qui sera son châtiment". Il commence sa chute suspendu à une paroît d'immeuble reflêtée sur le sol. Gertrude l'achève et meurt à son tour.  La passion est donc le début mais la passion est complexe, elle se nourrit de trahison, d'aveuglement, de mise en danger, de châtiment. Dès l'enterrement du Roi Gertrude demande à Claudius de ne pas être gentil avec elle. Au milieu de ce cimetière fait d'un imposant mur blanc ou l'inscription cimetière vient s'aimanter par une terre jetée en pâture par les fossoyeurs, Gertrude ne pense qu'à rire et à offrir son corps à son complice qui est lui épié par une mère jalouse (Francine Bergé). Tout le monde souhaite garder le pouvoir. Mais le pouvoir ne se vit pas seul, il n'est qu'appréciable dans le regard des autres.  Hamlet s'autodétruit depuis toujours mais garde cette relation ambigu qui le lie à sa mère, lui qui est impuissant avec Ragusa (Cécile Bournay), personnage miroir d'Ophélie. Toutes deux ne sont pas reconnues. Aucune relation avec Hamlet n'est officialisée et chez Shakespeare Ophélie est réduite à la volonté de Polonius. Ici Ragusa est présentée comme un peu cruche, prisonnière de sa gaucherie envers Hamlet.  Quand à Hamlet, Christophe Maltot le rend particulièrement puérile. De là s'explique son autodestruction permanente, la culpabilité ronge Hamlet. Car lui aussi peut enfin s'affirmer, il est le descendant directe du Roi mort et dans sa pièce, Barker le fait devenir Roi à la place de Claudius. N'est ce pas seulement maintenant, après la mort du père monarque, qu'il peut enfin envisager faire la moral à son entourage ? Est-ce que finalement la mort du Roi Hamlet ne le sert pas aussi lui son fils ? La mise en scène de sa mort est simple, un peu comme pour nous ramener à la tragédie shakespearienne et fataliste. Hamlet se demande pourquoi lui devrait boire dans ce verre qui lui est tendu mais sans plus attendre il le prend et le boit. Il connait  et accepte sa fin.  Cette pièce est trop vaste pour en parler dans son ensemble, à noter que la traduction est de Desprats. Gertrude le cri mis en scène par Corsetti est un CHEF D'OEUVRE.                          Clara.

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